Juillet 2000. Des voiliers de toutes les mers du monde font escale dans le port de Brest et sont accueillis par le Soleil. Les gens font la fête. Comme l'été est propice aux rencontres, je fais connaissance avec la photographie. Ainsi, je décide de m'investir totalement dans cette activité, matériellement et émotionnellement…
Je prends des photos tous les jours, n'importe qui, n'importe quoi. Comme un besoin de posséder les choses, les évènements…

C'est au hasard de ces déambulations photographiques, que je me perds dans le bas de la rue St Malo, dans le quartier de Pontaniou, non loin de Recouvrance. Admiration ! Jamais je n'avais pu m'imaginer qu'à deux pas du centre ville et à cinq minutes de mon immeuble, puisse exister cet autre Brest, une sorte d'endroit originel et magique où tout semble possible : la rue St Malo m'apparaît comme une oasis de sérénité loin du brouhaha de la cité. Malgré ses ruines, je sens que la rue est vivante, que son histoire n'est pas finie. Au numéro 17, je m'aperçois qu'il y siège une association : Vivre La Rue. Je comprends qu'une partie de l'âme de cette rue se trouve là; je comprends que mon premier amour photographique m'est offert. Je dois en savoir plus…

Quelques jours plus tard, je rencontre Mireille CANN, la fondatrice et présidente de l'association, et ses amis. Je suis vite conquis par leur passion, leur combat pour sauver ces quelques bâtisses, témoins survivants des bombardements alliés de la Seconde Guerre Mondiale, et qui faillirent être à la merci de spéculations immobilières. Ils me racontent les débuts de l'association, créée en juillet 1989 sous le statut de la loi 1901, comment ils avaient dû enlever les mètres cube de détritus jetés par les gens avant de pouvoir retrouver le pavé, et aussi les conflits avec la mairie de quartier, la police qui leur avaient flanqué l’étiquette de "squatters de la rue St Malo". Entre autres…

A présent les esprits semblent s'être calmés… Vivre La Rue a "pignon sur rue", comme on dit; les Brestois réalisent que la rue St Malo fait bel et bien partie de leur patrimoine commun, de leur histoire, et que finalement, son plus beau destin est de servir de lieu d'expression et d'échange pour artistes, comédiens, musiciens...
En juin 2002, la Préfecture Maritime de Brest va, elle aussi, dans ce sens en permettant à Vivre la Rue d'occuper le terrain de la Madeleine (propriété de la Marine Nationale) pour le déroulement de son festival "La Ruée vers l'Art". Projet audacieux qui aurait été inimaginable il y a dix ans…

Jadis, le terrain de la Madeleine (mitoyen à la rue St Malo) abritait le Refuge Royal qui, malgré l'aspect charitable de son nom, n'était en fait qu'une prison pour femmes, une prison pour toutes celles vivant en dehors, soi-disant, des normes sociales de l'époque. En 1783, une de ces "pensionnaires", la Belle Tamisier, mit fin à la mascarade en incendiant ce qui fut un des symboles de l'Ancien Régime à Brest. Ainsi, tout comme le bas de la rue St Malo, le terrain de la Madeleine ne pouvait pas tomber dans l'oubli, et devait nécessairement faire partie de la fête…

Voilà pour la petite histoire…

C'est donc depuis deux ans que je photographie la rue St Malo, Vivre la Rue et ses gens. Les festivals se succèdent, les institutions semblent prêter une oreille plus attentive envers l'association et son action est loin de s'achever car elle a une vérité : celle de nous rappeler que notre richesse la plus intime réside dans notre capacité à être solidaire et humain, et que, malgré les "11 Septembre", les "Le Pen au second tour" et autres "Guerre en Irak", cette richesse doit être préservée… et pourquoi pas par le biais de créations artistiques et de rencontres festives…

photo: Sébastien Durand
RIJA
RANDRIANASOLO
 
Galeries en ligne:


Le Temps des Cerises
(première partie)


Le Temps des Cerises
(seconde partie)
 
APPEL A TEMOINS:

Cela fait bientôt 3 ans que je promène régulièrement mon appareil photo sur la rue Saint Malo et que je "traîne" avec les membres de Vivre La Rue .
J'ai eu le temps d'accumuler énormément d'images relatant la vie de cette association au sein de cet étonnant petit bout de rue…
A présent, il me tarde de les réunir dans un recueil de photographies, un livre qui vous exposera la façon dont j'ai perçu la rue St Malo, l'association Vivre La Rue et ses gens durant ces quelques années.
La photographie en Noir et Blanc a cet indescriptible pouvoir de nous révéler des émotions que notre quotidien a tendance à occulter. Soit parce que nous ne prenons plus le temps de les vivre, soit parce que notre société ne nous permet pas de les vivre… L'écriture possède aussi ce pouvoir.
Ainsi je recherche, dans le but d'illustrer ce recueil de photographie, des textes relatifs à l'association Vivre La Rue et la rue St Malo. La qualité de votre style littéraire m'importe peu. Non… Je recherche avant tout une émotion, un regard, un point de vue; que vous connaissiez la rue St Malo depuis longtemps ou que vous la découvriez à peîne.
La forme du texte est complètement libre : poème, chansonnette, récit anecdotique, pensées,…etc.…La seule contrainte qui vous sera imposé concerne la taille du texte ( 30 lignes maximum), pour que celui-ci reste en harmonie avec les photographies lors de la mise en page.
Les textes peuvent très bien être inspirés par une de mes photographies, ou pas du tout.

Alors si l'aventure vous tente, n'hésitez pas à vous exprimer par votre plus belle plume. Vous pouvez envoyer vos textes par email à vivrelarue@infini.fr ou venir les déposer au siège de l'association.

 

Rija Randrianasolo
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